Comment aider les enfants et les ados à vivre le déconfinement
Après un confinement de plusieurs mois, le retour à une vie presque normale peut être inquiétant pour les enfants et les ados, d’autant plus que le virus circule encore parmi nous. Comment les aider à appréhender la phase de déconfinement sereinement ?
© IMPACT 360
Un jour confiné, le lendemain déconfiné …
L’épidémie de coronavirus a suscité beaucoup de changements dans la vie des enfants et des ados. Leurs capacités d’adaptation, la mobilisation des parents et le travail des enseignants ont été essentiels pour y faire face. La phase de déconfinement implique également beaucoup de questionnements de la part des plus jeunes. En effet, il peut être difficile de comprendre pourquoi nous pouvons subitement retourner à l’école, fréquenter des stages, prendre les transports en commun, aller faire des courses ou voir des proches alors que le virus est toujours présent.
Pour les plus petits
Cacher ou minimiser les choses dans le but de protéger les plus petits sera potentiellement plus anxiogène que la situation elle-même. Il est important de communiquer simplement et de faire appel à sa créativité ou de s’aider d’outils pédagogiques disponibles sur internet.
- Questionner comment l’enfant se représente le déconfinement (retour à l’école, retour au boulot de ses parents, etc.)
- Explorer ses émotions et les questions qu’il peut avoir à l’aide d’histoire, de vidéos, de dessins.
- Expliquer que le virus va vivre avec nous encore pour un certain temps et que nous ne savons pas quand exactement il va partir.
- Montrer que la phase de déconfinement est essentielle car certaines personnes se sentent mal et d’autres peuvent avoir des problèmes financiers si nous continuons à rester confiner.
- Montrer que les gestes barrières mis en place ont leur efficacité (on peut réaliser des dessins simplifiés avec les courbes de contamination).
- Avouer que nous ne savons pas tout et que nous devons faire face à de l’incertitude et à des inconnues, cela fait partie de la vie.
- En contrepartie, se rassurer avec les connaissances que nous avons (règles d’hygiène, distanciation physique, tousser dans son coude, ne pas se toucher le visage).
- Expliquer que les personnes qui ont la maladie ne sont pas toujours gravement malades, et qu’elles ne meurent pas forcément.
- C’est normal d’avoir peur : accepter ses émotions et en parler avec une personne de confiance peut aider grandement. On peut dessiner ce qu’on ressent, se rappeler des maladies que l’enfant a bien combattues, se souvenir de toutes les peurs qu’on a surmontées.
Pour les ados
La phase de confinement a été particulièrement difficile, car à leur âge, ils sont en demande de beaucoup d’autonomie et à la recherche d’indépendance et de liberté. Or la proximité forcée avec les adultes ne permettait pas ce détachement progressif de la cellule familiale afin de trouver la juste distance nécessaire à leur développement personnel.
Lors de la phase de déconfinement avec un ado :
- Faire preuve d’empathie, ne pas être trop strict et lui permettre de reprendre des activités et de fréquenter des copains.
- Continuer à le sensibiliser au fait qu’il peut être porteur du virus même s’il ne présente aucun symptôme. En effet les ados ont tendance à dédramatiser rapidement et à souscrire à l’adage « ça n’arrive qu’aux autres ».
- Rappeler les règles de déconfinement : respecter la bulle de contact, la distanciation physique, le port du masque et le lavage des mains.
- Mettre à disposition du gel hydroalcoolique et des masques à la maison.
- Exprimer ses inquiétudes et ses émotions face à cette situation nouvelle sans attiser l’angoisse chez le jeune.
- Demander ce qu’il compte mettre en place, quelles précautions il va prendre lorsqu’il aura des contacts avec des amis. Il est plus probable qu’il adhère à ses propres idées plutôt que d’imposer un plan précis. De plus, le parent lui témoigne de la confiance.
- Proposer qu’il invite un copain à la maison si le domicile possède un extérieur. Il est plus simple de contrôler les gestes barrières sous son toit.
- Prendre contact avec des parents du groupe d’amis afin de s’entendre sur des règles similaires. Cela évite que le manque d’encadrement d’un ami puisse avoir une influence négative sur les autres copains du groupe.
- Trouver des compromis s’il se montre réfractaire. Par exemple, pouvoir voir plus de copains ou sortir plus longtemps si la garantie de respecter les gestes barrières (distanciation physique et/ ou port du masque) est respectée.
- Présenter le déconfinement comme la récompense de la somme des efforts fournis collectivement.
A contrario, si un enfant ou un ado refuse de sortir, se replie sur ses activités à la maison ou sur internet, sous prétexte que le virus court toujours, il faudra tenter, tout en respectant son rythme et ses inquiétudes, de lui proposer graduellement de petites activités à l’extérieur. Dans un premier temps avec un membre de la famille et ensuite seul ou avec un copain en fonction de l’âge.
Si une phobie de sortir hors de chez soi fait son apparition avec des manifestations anxieuses plus importantes (attaque de panique, cauchemars, énurésie, etc.), il est utile de se tourner vers un psychologue ou son médecin de famille afin que la situation ne se chronifie pas.
Mélanie SAEREMANS
Psychologue
Source: secunews.be ©